Critique Site officiel de M-E. Nabe

Guy Tournaye s'amuse

Chez Gallimard, dans « l'Infini », vient de paraître un petit livre étrange et réussi d'un certain Guy Tournaye : Le Décodeur. Il s'agit d'un roman constitué presque exclusivement de collages de textes des autres. Vieux procédé piqué au Rose Poussière de Jean-Jacques Schuhl. Tournaye a en tout cas le mérite de citer ses sources, c'est le moins qu'on puisse dire ! A la fin de l'ouvrage, avant la liste des auteurs publiés dans cette collection de plus en plus en aberrante puisqu'elle va du pénible Daniel Accursi à l'infect Stéphane Zagdanski, Guy Tournaye donne la sienne qui est bien plus cohérente... Elle énumère sur cinq pages les livres et les auteurs (dans l'ordre de leur apparition) que Tournaye a « volés » pour fabriquer son histoire. Alain Zannini apparaît juste après Ingrid Caven du déjà nommé Jean-Jacques Schuhl. Ces quatre noms propres dont deux sont les titres des livres des deux autres sont à eux seuls une indication de la façon dont Tournaye les a intelligemment utilisés.

En effet p. 78, « l'auteur » a fait un amusant montage de citations : il a pris une phrase de Schuhl parlant de lui-même à la troisième personne sous le surnom de Charles dans son roman Ingrid Caven (Prix Goncourt 2000) et il a enchaîné, toujours à la troisième personne, sur le portrait que Nabe fait de Schuhl dans Alain Zannini (Non-Prix Goncourt 2002) en le comparant à Lazare... Double-fond qui aurait pu être triple si Tournaye avait su que Nabe a comparé Schuhl à Lazare pour des raisons bibliques bien sûr, mais aussi familiales car Lazare est le prénom de l'oncle de Schuhl, Lazare Godzhal, Marseillais de l'entourage de Lindenmeyer que le petit Zannini côtoya dans sa jeunesse (voir son Journal Intime), et qui vient de mourir il y a quelques semaines...

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